Philippe Sauer est le directeur du Cours Aliénor d’Aquitaine depuis son ouverture l’année dernière dans la petite ville d’Esse, en Charente. Dans ce territoire où le taux de décrochage scolaire est de 27%, le Cours Aliénor d’Aquitaine a trouvé toute sa place.
Pourquoi avez-vous rejoint l’aventure Excellence Ruralités ?
Après plus de 15 ans d’enseignement et cinq années de direction d’un établissement urbain, j’ai souhaité me mettre au service des jeunes des ruralités dans des territoires souvent oubliés. En découvrant Excellence Ruralités, j’ai trouvé un cadre porteur où chaque enfant peut avoir sa chance de réussir, d’où qu’il parte.
Comment s’est passée l’ouverture du Cours Aliénor ?
Nous avons ouvert le Cours Aliénor en septembre 2023, avec sept élèves répartis en deux classes : 6e et 5e . Aujourd’hui nous accueillons une trentaine d’élèves du territoire et nous avons ouvert une nouvelle classe de 4e . Notre collège répond à un vrai besoin et les familles sont très réceptives au modèle pédagogique d’Excellence Ruralités : le cadre apaisé, les petits effectifs avec un suivi personnalisé de chacun et des professeurs investis et éducateurs dans l’âme.
L’excellence, nous la visons ensemble
Comment avez-vous choisi votre équipe de professeurs-éducateurs ?
L’équipe pédagogique réunit aujourd’hui 7 professeurs, de 25 à 65 ans ! Chaque professeur dispose d’un bagage universitaire très solide. Se côtoient ainsi master de sciences politiques, diplôme de l’Ecole du Louvre, ingénieur de Centrale, master de lettres, master d’anglais. Tout au long de l’année nous prenons le temps en équipe de partager nos retours de classe. Nous avons suivi l’année dernière une formation pour améliorer nos méthodes de suivi individualisé et mieux accompagner nos élèves dans leur progression. L’excellence, nous la visons ensemble : élèves, parents et professeurs. Je reste convaincu que le métier d’enseignant s’apprend essentiellement par la pratique. Certes, il convient d’avoir un bon niveau de connaissances et quelques “trucs” et astuces de départ. Avec l’expérience, on étoffe sa réflexion et on peut prendre du recul sur sa façon de faire pour améliorer ses manières de faire.
Quelles sont vos missions en tant que directeur ?
La première mission du directeur est avant tout de mettre en musique le projet pédagogique du collège, dans l’esprit des écoles Excellence Ruralités. Il s’agit donc de créer, consolider et faire vivre le cadre apaisé et les conditions nécessaires à la réussite scolaire et humaine des élèves. Mon rôle est aussi d’accompagner l’équipe enseignante, qu’il faut former et soutenir tout au long de l’année. Cet aspect de direction d’équipe, s’il est en arrière-plan de l’activité quotidienne, demeure néanmoins la clé de voûte de la réussite : les enseignants, en s’épanouissant là où ils sont, permettent à l’organisation générale d’améliorer ses performances. Enfin, j’ai la mission aussi de développer le rayonnement de l’établissement à l’extérieur ; d’abord auprès des familles bien sûr, avec qui nous collaborons de façon étroite et confiante ; mais aussi sur le territoire, et principalement auprès des autorités publiques et locales. Nous entretenons de bonnes relations avec le maire et le conseil municipal de la commune qui nous accueille, ainsi que d’autres personnalités influentes de la région : ce sont, avec les parents d’élèves, les plus efficaces ambassadeurs du Cours Aliénor d’Aquitaine.
Quel est le principal défi que vous avez dû relever en ouvrant le Cours Aliénor ?
Accueillir les premiers élèves d’un collège impose un défi constant tout au long de l’année : non seulement les faire progresser scolairement de septembre à juin, mais aussi – et surtout peut-être- constituer un corps uni, réussir à créer un esprit de groupe. Le sentiment d’appartenance est indispensable pour chaque jeune, à nous de savoir à quoi ils doivent appartenir. C’est cette identité de l’école qu’il faut construire peu à peu, tout au long de l’année, et les années suivantes, et qui se développera de façon organique d’année en année.
Une aventure humaine au large
Quelle satisfaction retirez-vous de la première année du Cours Aliénor ?
Alors même que l’année n’était pas écoulée, les parents comme les élèves exprimaient leur contentement et leur joie d’avoir rejoint le Cours Aliénor. En début d’année, un élève de 5e ne maîtrisait que très mal la lecture, au point d’ânonner sans comprendre ce qu’il lisait. Nous avons mis en place un travail de remédiation pour l’aider à progresser dans ce domaine. Un jour, sa mère m’apprend qu’il s’est passionné pour la littérature et travaille seul ses études de texte. Savoir lire est indispensable pour comprendre un énoncé quand il s’agit d’un problème, mais aussi pour accéder à la culture.
Quels projets avez-vous pour cette nouvelle année qui commence ?
Cette année nous allons lancer un projet inter-écoles qui réunit les élèves de 6e du Cours Clovis et du Cours Aliénor. Il s’agit de la mini-transat, une course au large, sur un petit bateau de 6m50, en solitaire, sans assistance, sans communication. Une aventure humaine que nous allons suivre aux côtés d’un jeune ingénieur, Augustin Doumic, qui partagera cette expérience avec les élèves, des préparatifs jusqu’au départ de la course prévue en septembre 2025.
Quel sentiment vous habite en cette rentrée ?
La fierté ! Fierté de me mettre au service des enfants de mon pays en me tournant vers les territoires les plus défavorisés ; fierté de donner ou redonner aux jeunes leur propre fierté d’appartenir à leur territoire ; et la fierté de les aider à construire leur confiance en eux, condition indispensable de la réussite dans la vie.