La question de l’ orientation des jeunes est revenue récemment dans l’actualité avec un récent sondage mettant en avant le “décrochage aspirationnel” des jeunes ruraux. Les enfants issus de milieux modestes ont tendance à s’auto-censurer inconsciemment dans leurs choix d’orientation. En milieu rural, ce difficultés d’orientation sont notamment liées au fait que les enfants n’ont pas pleinement connaissance de la multitude de choix qui s’offrent à eux. A l’occasion de la présentation de notre premier rapport d’impact, Excellence Ruralités avait organisé une événement à Paris et réuni plusieurs experts de l’égalité des chances éducatives, dont Jules Donzelot, sociologue et directeur scientifique de l’association JobIRL qui est revenu sur cette problématique.
Orientation : un décrochage aspirationnel des jeunes ruraux
Le “décrochage aspirationnel” des jeunes défavorisés en milieu rural est le plus élevé du pays. En matière d’aspiration des jeunes comme en matière d’éducation, la ruralité est encore une fois la grande oubliée. Bien souvent, les aspirations des jeunes ruraux sont tout simplement réduites par le manque de connaissance des possibilités. Et pour cause : les associations ou structures d’accompagnement à l’orientation (tutorat, mentorat, lieux de documentation) sont pour l’immense majorité situées en ville.
Travailler les aspirations des élèves dès le début du collège
Pour Jules Donzelot, il serait intéressant de s’inspirer du modèle anglo-saxon, qui, à l’inverse du modèle français, prend le problème à la racine : “L’orientation ne commence pas à partir du stage de 3e !” mais dès la fin du primaire et tout au long du collège l’école a un rôle à jouer pour accompagner les élèves et soutenir leur aspiration, car cela participera à donner du sens aussi à leurs apprentissages. L’engagement des parents est fondamental pour élever les aspirations de leurs enfants, afin de définir un projet personnel, mais l’enfant a aussi besoin d’être soutenu dans ses aspirations à l’extérieur du cadre familial.
Un accompagnement personnalisé dans le choix de l’orientation
En ce sens, l’école a un rôle clé à jouer dans l’accompagnement tout au long de la scolarité et le suivi de l’élève. Traiter la question de l’orientation à la racine, c’est exposer aux élèves un éventail de possibilités le plus complet possible et le plus tôt possible. C’est ce que s’appliquent à faire les professeurs en organisant des visites d’entreprises ou en partageant leurs passions tous les jeudi après-midi dans le cadre d’ateliers. Ces heures de découvertes deviennent alors un véritable vivier de vocations et d’opportunités !
Quand l’élève arrive en classe de 3e il est alors préparé à choisir en conscience une orientation qui aura du sens pour lui. Pour l’aider dans cette démarche, nous avons mis en place au sein de nos écoles 18 heures d’accompagnement par an en classe de 3e pour aider les élèves à trouver et choisir une orientation qui corresponde à la fois à leurs talents, leurs capacités et leurs aspirations professionnelles. Cet accompagnement est partagé entre un suivi personnalisé tout au long de l’année par le professeur principal, des temps de vie de classe, et des rendez-vous avec la famille et le directeur.
Et le pari est réussi, puisqu’aujourd’hui, nos anciens élèves sont en formation ou travaillent dans des domaines aussi différents que l’éducation pour Jade, l’agriculture pour Antoine, la boulangerie pour Bryan, ou encore le soin équestre, pour Morgane… Des choix personnels qui participent aujourd’hui à leur épanouissement et leur offre de se projeter avec sérénité dans l’ensemble des possibilités pour leur avenir.