Le classement international Timss 2023 a été publié le 4 décembre et la France fait figure de cancre, se situant sous la moyenne de l’OCDE. Les résultats des petits français à cette évaluation de mathématiques et de sciences sont sans appel : les élèves de CM1 se classent en dernière position parmi les pays membres de l’Union Européenne, leurs camarades de 4ème en avant-dernière position.
Sur le terrain, les professeurs des écoles sont enlisés dans les lacunes de leurs élèves : « si les décimaux doivent être abordés dès le mois de novembre de l’année de CM1, dans les faits seuls 10% des classes le font » explique au Figaro le mathématicien Charles Torossian, coauteur avec le médaillé Fields Cédric Villani d’un rapport sur l’enseignement des mathématiques rendu en 2018.
Conscient de l’urgence de la situation, le gouvernement prend pourtant des mesures : un plan de formation des professeurs de l’école primaire en mathématiques a été mis en place, et les nouveaux programmes (publiés en octobre pour la rentrée 2025) intègreront davantage de manipulations et d’expérimentations, à l’image de la méthode de Singapour employée au quotidien dans les écoles du réseau Excellence Ruralités.
La méthode de Singapour, une vraie solution
“J’utilise la méthode de Singapour en CM2 depuis six ans maintenant” confirme Martial, enseignant au cours Clovis (Aisne). “J’ai été formé à l’enseigner et cela me paraît quasi indispensable pour en tirer tous les bénéfices. Cette méthode est particulièrement pertinente en ce qu’elle permet de faire appel à plusieurs types d’intelligence, notamment via la manipulation et la représentation de données. Cela correspond tout à fait à notre vision de l’éducation et de l’enfant. Elle est aussi remarquablement efficace dans l’appréhension de la résolution des problèmes, grâce à ses schémas en barre – qui sont un peu la spécificité de cette méthode.”
On pourrait dès lors se demander pourquoi elle n’a pas été plus tôt reprise dans les programmes. “Le principal obstacle à sa généralisation à toutes les écoles est sans doute avant tout logistique”, nous répond Martial. “C’est une méthode qui nécessite un réel investissement, dans du matériel de manipulation adapté mais aussi dans un climat d’apprentissage apaisé. Cette pédagogie va de pair avec des classes aux effectifs raisonnables, afin de permettre cette appropriation manuelle par chaque élève ainsi que ce suivi par l’enseignant.”
“Une véritable démonstration de l’efficacité de la pédagogie Excellence Ruralités”
Et les résultats sont là : alors que nos élèves font partie des 5% les plus modestes culturellement, les évaluations nationales que nous avons menées auprès des sixièmes montrent qu’aucun d’entre eux ne rencontre de difficultés dans la maîtrise des automatismes (tables de multiplication, opérations posées etc).
“C’est une véritable démonstration de l’efficacité de la pédagogie Excellence Ruralités”, appuie Paul-François Croisille, Directeur du développement. “Nous utilisons effectivement la méthode de Singapour qui permet de clarifier le sens des actions mathématiques, mais la complétons aussi par un apprentissage classique avec du “par coeur”. L’objectif est d’avoir à terme des élèves qui ont à la fois intégré le sens des concepts mathématiques et des opérations fondamentales, tout en nous assurant qu’ils disposent des réflexes essentiels à la poursuite de leur scolarité.” Une preuve de plus de la capacité de nos écoles, de nos enseignants et de nos élèves à faire mentir les statistiques.
Victoire Eyraud