Jean-Baptiste Nouailhac était le 8 février dernier sur le plateau de Sqool TV en compagnie de Loïc Kervran, député du Cher, et de Jules Donzelot, sociologue, cofondateur de la plateforme JobIRL. Un échange animé par Patrice Boisfer, autour des disparités régionales en termes d’éducation et des leviers pour les réduire par l’école.
En France, et particulièrement en zone rurale, la prise en compte des besoins éducatifs n’est pas équitable. La raison principale à cela est la configuration de ces territoires avec des mesures d’évaluation inadaptées au contexte propres des ruralités. Les REP, réseaux d’éducation prioritaires sont de fait particulièrement concentrés en ville ou dans les zones densément peuplées. Les campagnes passent à travers les radars de ces dispositifs d’aide. Pourtant, et c’était le sujet de l’intervention de Jean-Baptiste Nouailhac chez Sqool TV le 8 février dernier, le décrochage scolaire est tout aussi alarmant dans ces zones.
Car l’enjeu est bien, in fine, celui de l’insertion et donc de l’orientation de ces élèves ruraux, qui constituent tout de même 30% des jeunes dans notre pays, comme le rappelle Jules Donzelot.
Développer les compétences humaines des élèves
Cette question de l’orientation est centrale pour relever les défis des territoires ruraux. Pour y répondre il faut “mettre des personnes devant des personnes, et non pas des fonctions devant des fonctions”, rappelle Jean-Baptiste Nouailhac. En formant des professeurs-éducateurs qui soient en mesure d’accompagner les élèves dans leur réflexion professionnelle, et une communauté éducative organique avec les parents, les professeurs et les élèves, nous créons dans nos écoles des écosystèmes qui permettent aux élèves de reprendre confiance en eux et en l’école. Favoriser toutes les formes d’intelligence, insister sur les “savoir-être”, en passant par une philosophie éducative positive mais exigeante, c’est leur permettre de se présenter à de futurs employeurs avec des compétences personnelles qui feront leur valeur ajoutée.
Une école rurale pour renouer avec l’attractivité des territoires
S’attaquer à l’épineux problème de l’orientation des jeunes, c’est éviter des conséquences qui sont plus nombreuses qu’on ne le pense. Parmi celles-ci, la baisse inévitable de l’attractivité des territoires, comme l’évoquait Loïc Kervran, député du Cher, très engagé sur ces questions. “Dans le Cher, par manque de moyens, peu de jeunes s’orientent vers des études de médecines. Résultat, nous faisons face à un vrai manque de médecins, car peu reviennent s’y installer, ce qui pose des problèmes évidents d’attractivité du territoire”, a-t-il constaté.
Le défi, c’est aussi celui, comme le formule Jules Donzelot, de “débloquer la possibilité d’imaginer des études supérieures”, pour des élèves et des familles qui n’ont que peu de ressources et ne peuvent pas se projeter. Cela passe par un véritable accompagnement des familles. Mais aussi, comme nous le faisons dans nos écoles, avec des ateliers qui ouvrent l’esprit des élèves à des spécialités qui sortent du cadre scolaire, et les introduisent à d’autres formes d’intelligences (manuelle, créative, technique, …) qui élargissent leurs perspectives professionnelles.