“Combien y a-t-il de quarts d’heure dans une heure ?” Cette question simple de mathématiques, plus de la moitié des élèves entrant en 6e en France sont incapables d’y répondre, selon une étude sortie à la rentrée. Et les autres questions n’ont pas rencontré plus de succès : par exemple, seuls 6 % des élèves savaient placer “3/6” sur une ligne graduée, alors qu’ils étaient 22 % à savoir placer “1/2”.
Les élèves qui arrivent dans nos écoles n’échappent pas à ce triste constat. Romain, professeurs de sciences au Cours Aliénor d’Aquitaine, précise : “Pour beaucoup de nos élève de 6e, les notions de “dizaines” et “unités” sont déjà très floues. La maitrise des quatre opérations est très aléatoire : si on leur demande par exemple “J’ai 3 champs, dans chaque champ se trouvent 4 vaches, combien ai-je de vaches ?”, il n’est pas du tout évident pour tous qu’il faut poser une multiplication…”
Il faut alors reprendre toutes ces notions à zéro : s’il ne maitrise pas ces bases, l’élève ne pourra évidemment pas aller plus loin dans l’apprentissage des mathématiques. Mais surtout, il ne sera même pas capable de faire face à des situations simples de la vie courante : “J’essaie vraiment de leur faire réaliser à quel point ce que je leur apprends leur servira réellement dans leur quotidien. Ça passe notamment par le fait de toujours baser les exercices sur ces situations de la vie courante : “Vous avez seulement un billet de 20 euros, à quel moment devez-vous arrêter de remplir votre panier au supermarché pour ne pas vous retrouver embêtés à la caisse ?” C’est une gymnastique pour le professeur.”
Résoudre un problème de mathématiques : utile aussi pour réparer un moteur
C’est d’autant plus important que le raisonnement mathématique est utile… même en-dehors des mathématiques. Les bienfaits du calcul mental pour le cerveau sont largement documentés. “On fait un peu de calcul mental à la fin de chaque cours. Des choses simples, mais qui viennent “muscler” le cerveau, l’habituer à travailler dans l’abstrait.” La méthodologie elle aussi peut s’appliquer à d’autres domaines de la vie quotidienne, ou de la future vie professionnelle des élèves.
“Je travaille beaucoup sur la méthodologie de résolution des problèmes : lire l’énoncé en entier, deux fois, puis poser clairement ce qu’on sait, ce qu’on cherche, ce dont on dispose comme outils, puis poser le raisonnement, puis conclure en répondant explicitement à la question. C’est un peu laborieux pour les élèves, et certains qui pensent qu’ils n’ont pas besoin de ça soupirent parfois un peu bruyamment. Un jour, un de mes élèves qui veut être mécanicien auto râlait un peu plus fort que d’habitude. Je lui ai fait remarquer que cette démarche, s’il l’applique face à un moteur qui ne fonctionne pas, pourrait lui permettre d’éviter de tout démonter, surtout ce qui marche bien, et de perdre du temps… et peut-être aussi un client ! Depuis, il est un peu plus appliqué sur ce point…”
Formation continue… pour les professeurs
L’objectif d’un professeur de mathématique au début du collège n’est pas de faire de tous ses élèves des futurs mathématiciens, mais de leur donner des outils intellectuels qu’ils pourront utiliser chacun dans leur domaine. “Les lacunes avec lesquelles certains arrivent au collège nous obligent, professeurs, à redoubler d’ingéniosité pour faire saisir aux élèves le sens des mathématiques. Nous nous formons régulièrement sur les méthodes d’apprentissage qui font leur preuve pour aider les élèves à s’accrocher aux mathématiques. Il n’y a pas de recette magique, cela demande du temps. Le suivi personnalisé que nous avons avec chacun de nos élèves permet un accompagnement individualisé dans les progressions. Face aux difficultés rencontrées par les élèves à leur entrée en sixième, j’ai suivi une nouvelle formation à la méthode de Singapour entre autre pour aider les élèves à revoir les fondamentaux des mathématiques. Je veux donner à mes élèves toutes les chances de réussir. Je crois qu’on réussit quand on comprend ce que l’on fait, et quand on l’aime. C’est tout ce que je m’efforce de leur transmettre : le goût des mathématiques.”