Selon Santé Publique France, dès deux ans, les enfants passent déjà 56 minutes par jour sur un écran. Depuis 2025, la gestion des écrans fait l’objet de recommandations dans la nouvelle version du carnet de santé, preuve s’il en est que la question est devenue un véritable enjeu de santé publique !
Une nouvelle version du carnet de santé
Preuve qu’il s’agit d’un véritable problème de santé publique, ce sont désormais les instances de santé officielles qui prennent le sujet à bras le corps. La nouvelle version du carnet de santé, délivrée depuis le 1er janvier 2025 s’attaque désormais à la gestion des écrans. Dorénavant, entre des tableaux pour l’introduction des aliments et des conseils pour le sommeil de votre enfant, vous trouverez une page dédiée à l’utilisation des écrans.
Pour l’assurance maladie, la règle est claire : avant trois ans, un enfant ne doit pas être exposé aux écrans, même s’il s’agit d’une télé allumée dans une pièce qu’il ne regarde pas. Une recommandation qui n’est suivie que par 10% des parents ! On le sait désormais, même sans surexposition, la consommation des écrans par de trop jeunes enfants peut créer des troubles importants : retard de langage, de motricité, problèmes de concentration, de relationnel, de gestion des émotions et notamment de la frustration.
56 minutes de temps d’écran quotidien pour les enfants dès 2 ans
Et pourtant, dès deux ans, les enfants sont en moyenne exposés aux écrans 56 minutes par jour ! “Le cerveau ne peut pas se développer s’il est privé de deux besoins essentiels, d’interactions humaines, fréquentes et de qualité, et l’exploration du monde réel, en trois dimensions, avec tous ses sens et tout son corps”, explique Anne-Lise Ducanda, médecin de la protection maternelle et infantile au Figaro.
Des enfants happés par leurs écrans sont naturellement privés de rapports avec les humains et le monde qui les entourent, et cette situation a explosé depuis la pandémie de Covid19. Les conséquences sur les performances scolaires sont dramatiques. Ainsi, comme l’explique cette étude du bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) datant de janvier 2020, les enfants de 2 à 5 ans qui regardent la télévision ou un écran le matin avant d’aller à l’école ont six fois plus de retard de langage à l’école.
Et chez les adolescents ?
Si des problèmes se posent concernant le développement du cerveau infantile, d’autres sont à déplorer sur le comportement des adolescents. Les deux principales questions étant celles de l’addiction (aux jeux vidéos, aux réseaux sociaux, à la pronographie,…) et du harcèlement. Selon l’OMS, 12% des adolescents, soit 1 sur 8, déclarent se livrer à du cyberharcèlement, alors qu’un enfant en âge d’être scolarisé sur 6 a déjà été victime de harcèlement. Des situations que nous ne connaissons malheureusement que trop bien dans le parcours des élèves qui arrivent dans nos établissements. L’un des tous premiers élèves du Cours Clovis confiait un jour à Jean-Baptiste Nouailhac, cofondateur du réseau Excellence Ruralités : “la vie pour moi c’est juste une pause entre deux parties de Fortnite“… L’addiction aux écrans frappes autant en ville qu’à la campagne, et il n’est pas rare que certains élèves passent parfois toutes leurs journées de vacances ou de week-end scotchés à leurs ordinateurs ou leurs télévisions.
Comme l’explique Pierre-François Chanu, directeur pédagogique du réseau Excellence Ruralités, “un enfant ou un adolescent qui a un accès illimité aux écrans, ça se voit à l’école, ça se ressent dans ses résultats, dans son attitude, dans sa capacité de concentration.” Pour lui, le premier défi est d’aider les jeunes à “domestiquer ce nouvel outil”.
La “pause numérique” : testée et approuvée depuis 7 ans par Excellence Ruralités !
L’une des mesures mises en place dans nos établissements : pas de portable durant la journée. Les élèves déposent leurs téléphones en arrivant le matin et le récupèrent le soir. La fameuse “Pause numérique”, testée depuis septembre 2024 dans plusieurs écoles par le gouvernement, cela fait 7 ans que nous la pratiquons ! Et les bienfaits de cet aménagement sont multiples et visibles à l’œil nu : tous ceux qui visitent nos écoles nous le disent, nos élèves sont souriants, accueillants, éveillés, ils n’hésitent pas à aller vers les autres, à poser des questions… autant de petites choses que l’on ne peut plus forcément observer dans une cour d’école aujourd’hui.
Pour aller encore plus loin, cette année, un défi a été proposé aux collégiens du Cours Clovis : laisser leur téléphone à l’école en fin de journée pour ne le récupérer que le lendemain soir. Pour ceux qui ont eu le courage de relever le challenge, un petit-déjeuner “récompense” était organisé le matin avant d’aller en classe. Onze collégiens ont joué pleinement le jeu et quelques autres ont supprimé leur temps d’écran quotidien (TV, jeux vidéos).
Donner l’exemple en tant que parents et éducateurs
Chez Excellence Ruralités, le sujet des écrans est également abordé avec les parents. Nous organisons des sessions de formation pour les parents intéressés avec des intervenants spécialiste du sujet, qui peuvent leur donner des conseils pour gérer cet épineux sujet à la maison.
Après celle de la restriction des écrans pour les plus jeunes, la deuxième question à se poser est celle de notre propre usage. Donnons-nous vraiment l’exemple ? Même s’il est parfois compliqué de réduire notre temps d’écran, c’est aux adultes de prendre le sujet à bras le corps.
Et si nous adoptions la pause numérique également à la maison ?