Le mardi 20 mai, la Cour des comptes a publié un rapport alarmant sur l’enseignement primaire, allant même jusqu’à le qualifier « d’échec » le système éducatif français.
Selon la Cour des comptes : des résultats inquiétants malgré une augmentation des moyens alloués.
Malgré une augmentation constante des dépenses depuis les dix dernières années, selon le dernier rapport de la Cour des Comptes, les résultats ne suivent pas, bien au contraire : le niveau dans les matières fondamentales (français et mathématiques) régresse. Des études menées à l’échelle de l’Union Européenne nous permettent de comparer l’état de l’enseignement primaire avec celui d’autres pays européens. Sur les 21 pays ayant participé à l’enquête, la France se positionne à la dernière place en mathématiques, et seulement à la 18ème en français.
Outre ces résultats globaux à la baisse, la Cour des comptes relève que les écarts se creusent entre les résultats scolaires des enfants favorisés et défavorisés, et ce même avec les dédoublements des classes de CP et CE1 mis en place dans les écoles REP et REP+ depuis 2017. Elle souligne le rôle crucial qu’ont les enseignants du premier degré dans l’épanouissement et la réussite scolaire à long terme d’un élève, qui pourrait alors expliquer partiellement les baisses de résultats constatées. En effet, l’attractivité du métier est en chute libre dans l’hexagone, notamment en raison du manque d’attractivité des salaires.
Ce manque de moyen fait cruellement défaut dans les dispositifs d’accompagnement des enseignants, dont le rôle est pourtant déterminant dans les apprentissages. Le métier d’enseignant du premier degré rencontre une troisième barrière : celle de la gouvernance des écoles. Le rapport souligne que la gouvernance des écoles pourrait être renforcée en clarifiant le rôle du directeur, dont les responsabilités varient fortement selon les contextes. La création d’un véritable statut ou une décharge (le temps dégagé de leur classe) plus systématique améliorerait sa capacité à piloter le projet pédagogique et à travailler avec les partenaires. Cette évolution gagnerait à s’appuyer sur un projet d’école adapté aux réalités locales, avec des objectifs clairement définis et évalués en lien avec les autorités académiques.
Quel avenir pour une école avec de moins en moins d’enfants ?
Le primaire subit également de plein fouet la baisse démographique. La DEPP estime qu’en 2028, ce seront près de 400 000 élèves de moins qu’en 2023 qui feront leur rentrée dans le premier degré. Un reflux qui, en plus d’interpeller, doit pousser à une réflexion accrue sur les défis de demain. Le rapport de la Cour des comptes en souligne trois :
-Mettre l’accent sur le bien-être des élèves : en améliorant l’harmonie entre les activités scolaires, périscolaires et extrascolaires, l’école pourrait satisfaire les besoins globaux de l’enfant. Les travaux en neurosciences, en économie ainsi que les recherches internationales (OCDE) démontrent qu’un cadre éducatif de haute qualité est spécialement avantageux pour les étudiants les plus fragiles.
-Incorporer le numérique de façon judicieuse : les instruments numériques proposent diverses possibilités pour améliorer les méthodes pédagogiques. Cependant, cette utilisation doit être ajustée en fonction des compétences des enfants et supervisée afin de préserver leur développement physique et mental.
-Mettre la transition écologique au service de la réforme scolaire : la révision des espaces scolaires, en tenant compte des défis environnementaux, représente une opportunité de redéfinir l’école en tant qu’environnement épanouissant et responsabilisant. Cela implique des infrastructures plus inclusives, accessibles et durables (énergie, matériaux, alimentation, gestion des déchets), qui, associées à une diminution du nombre d’élèves, pourrait favoriser un meilleur cadre de vie scolaire.
Les six recommandations formulées par les juridictions financières : un impact mitigé pour la ruralité.
Là où certaines des six mesures formulées par les juridictions financières pourraient impacter positivement l’éducation en milieu rural, d’autres pourraient au contraire aggraver sa situation. C’est notamment le cas de la troisième recommandation, qui vise à systématiser les regroupements pédagogiques ou les regroupements d’écoles dans les territoires confrontés à une baisse des effectifs. Bien que la Cour des comptes ait relevé l’importance du maillage éducatif dans nos territoires, les regroupements d’écoles ont un impact beaucoup plus fort dans nos ruralités, notamment sur l’allongement des temps de trajet qui sont un vrai poids pour de nombreuses familles. À l’inverse, la réforme du statut de directeur d’école en commençant par les RPI (regroupement pédagogiques intercommunaux) permettrait de faciliter le pilotage pédagogique ainsi que la coordination avec les élus locaux.